LA VOIX DU NORD
A 91 ans, Lili Leignel témoigne de sa déportation en tant que rescapée des camps de concentration allemands :
Ce lundi 9 janvier 2023 a eu lieu la conférence de Lili Leignel, survivante des camps allemands, à l’espace Concorde de Villeneuve d’ascq . Cette conférence a été organisée afin de sensibiliser de jeunes collégiens à la violence de la guerre .
Lili avait 11 ans lors de son arrestation à Roubaix le 27 octobre 1943, son frère Robert 9 ans et le petit dernier, André 3 ans et demi . Après avoir été cachés chez la famille du curé , les parents des enfants ont constaté que le danger d’une arrestation par les Allemands était passé, la famille s’est donc retrouvée chez elle. Mais le 27 octobre 1943, à 3h du matin , des soldats allemands ont déboulé dans leur maison et les ont emmenés avec sauvagerie , nous explique-t-elle . Passant dans la prison de Loos et la prison Saint Giles à Bruxelles , la famille est d’abord restée plusieurs jours dans le camp de rassemblement Malines . Le père a été séparé de sa famille pour être envoyé dans une prison pour hommes et le reste de la troupe fut quant à lui envoyé dans le camp de Ravensbrück, un camp de concentration pour femmes, en décembre 1943.
La petite Lili portait le numéro 25 612 . Les déportées couchaient dans des « blocs » en bois . Madame Leignel nous raconte une journée type au camp : « Une alarme sonnait à 3h30 tous les matins et nous nous douchions dans des vacherom , les douches en allemand » . Leur repas était constitué d’un jus de Rutabaga le midi et d’un maigre morceau de pain le soir . Les femmes étaient condamnées au travail forcé qui consistait à creuser des fosses et à parfois les vider . Robert avait des furoncles sur le haut du crâne et ; André une tumeur à l’estomac .
Cela témoigne de l’extrême insalubrité des camps .
Plus tard , nouveau camp pour le reste de la famille . Surnommé « le camp de la mort lente » ; le camp de concentration de Bergen belsen fut plus terrible encore que le premier . Des monticules de corps étaient entassés aux portes , si bien qu’il fallait les enjamber pour passer . Sa mère ; très affaiblie , y attrape le typhus .
Le 15 avril 1945 , les troupes anglaises libèrent les déportées de cet enfer et leur apportent de la nourriture . Après que la mère fut prise en charge par les soldats , les 3 enfants repartirent seuls en France à bord de camions qui quelques jours plus tôt servaient encore à transporter les prisonniers étrangers . Ils furent ramenés à Paris et emmenés dans l’hôtel Lutetia où y attendaient les proches des nombreuses victimes . Seuls et apeurés, Lili et ses frères se sentaient très seuls sans leurs parents et plus particulièrement leur mère . Pris d’empathie, une assistante sociale et un dentiste les accueillirent dans leur maison . A la suite de plusieurs mois , l’aînée se rappela de sa tante et se son oncle qui pouvaient les accueillir. Ils furent pris en charge par leurs proches puis par un hôpital à Hendaye afin de les soigner . Quelle fut la surprise de Lili quand sa mère lui rendit visite ! Les enfants se sentaient déjà mieux mais une chose manquée : leur père. Après de nombreuses recherches, ils apprirent enfin la mort de celui-ci dans un camp de concentration quelques semaines plus tôt . Malgré cette terrible nouvelle , la famille reprit le cours de sa vie .
Cette histoire, aussi bien sinistre qu’émouvante nous témoigne de l’extrême violence des camps. Je me suis sentie profondément touchée par son témoignage et ne souhaite pour rien au monde avoir à vivre dans ces conditions. J’espère qu’elle pourra partager et sensibiliser encore de nombreux jeunes à cette importante cause et nous apprendre à vivre ensemble malgré nos différences .
Article de Jade DEPROST, le 10 janvier 2023